Claude Dumas
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Réflexions sur le processus du deuil

11/6/2016

3 Comments

 
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Déjà 48 heures se sont écoulées depuis la terrible annonce de la mort inattendue de mon frère Stéphane Dumas, survenue dans des circonstances mystérieuses et totalement absurdes. Je vous présente quelques réflexions qui me sont venues à l'esprit depuis ce Jeudi matin 9 juin 2016.


D'abord, c'est la première fois en 53 années d'existence que quelqu'un très près de moi et que j'aime énormément disparait. Bien sûr, on sait qu'on va tous y passer, etc., mais je n'avais pas réalisé ni anticipé à quel point la douleur pouvait être si intense. Cette douleur submerge, domine, prend possession de votre esprit sans votre permission. Vous ne pouvez pas abandonner, elle vous tient et vous asservi à sa cause, ténébreuse et maléfique. Et si au moins ça ne durait qu’un instant… Non, on est enchainé au temps, qui passe inexorablement, sans qu’une issue puisse apparaitre. Le désespoir est un sentiment dur à porter sur ses épaules, lorsqu’on parcourt un chemin de croix circulaire, où les stations correspondent à des souvenirs de moments passés avec la personne disparue.


Ensuite, j’ai été vraiment étonné de la force curative des mots de réconfort qu’on peut recevoir des amis, connaissances et personnes autour de nous. Même quels mots simples produisent l’effet en question. Et, oh surprise, idem pour les phrase déjà toutes faites d’avance et qu’on entend toujours à ces occasions, du genre “mes sympathies” ou “mes condoléances”. Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Je croyais que je serais plutôt sensible aux énoncés plus originaux, plus complexes, plus subtils, mais les petits mots simples et classiques m’ont apporté beaucoup de récomfort. Pourquoi ? Je ne sais pas, mais je risque une explication. Habituellement, les mots transportent une idée, une émotion. Ici, ce n’est pas le cas, ils n’ont aucune importance. Ce qu’ils transportent, c’est l’intention de l’émetteur, sa volonté d’être solidaire et de partager ce fardeau avec nous. Ils ne sont qu’un substrat par dessus lequel va se déposer les vrais éléments de la communication : contact avec les yeux, histoire racontée par la façon dont la poignée de main s’est donnée, les silences parlants, les larmes retenues, les accolades englobantes, etc. Je pense que ce sont ces éléments qui réussissent à réchauffer le coeur, car pour un court moment il y a symbiose entre deux personnes.


Finalement, l’expérience d’entrer dans la demeure de la personne décédé est à la fois terrible et intensément émotive. En tant qu'exécuteur testamentaire, je dois faire l'inventaire de tous ses biens, donc avoir accès à son domicile. Stéphane vivait seul dans sa maison de Loretteville et son décès soudain et absurde a laissé intact tous les éléments et artéfacts de la vie quotidienne. Entrer dans la maison et parcourir les pièces, c’est en réalité faire un voyage sinistre dans un instantanné de la vie de Stéphane pris au moment de son décès. Il est à la fois partout et nul part. Les documents scientifiques laissées sur la table pour lecture, la vaisselle qui sèche sur le comptoir, le carnet de vaccinnation sur la table en préparation à un voyage futur dans le sud, le sac du bureau qui traine dans un coin et prêt à être ouvert, les souliers dans les marches de l’escalier, les restes recyclables du dernier repas dans le container bleu, la brosse à dent qui traine sur le comtoir de la chambre de bain, etc. Chaque élément nous force à le croire vivant, avec nous, et on veut vraiment y croire. On est comme dans un village fantôme, mais avec une présence humaine beaucoup plus impreignée et envahissante. C’est ce contraste qui prend aux trippes, celui entre le discours rassurant des artéfacts et la connaissance douloureuse de la réalité de sa mort.


Voyons la suite des choses...
3 Comments
Marie-France Tremblay
11/6/2016 08:01:07 am

Je me souviens de lui tout petit, mais avec tes textes, je découvre une personne qui me donne envie d'en savoir plus sur lui, sur ses travaux, ses recherches. Merci Claude de nous partager ces choses.

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Nicole
11/6/2016 09:17:15 am

C'est un jour de janvier très froid. Un couple, pour la première fois, se permet de faire garder leurs deux enfants et se paie une sortie au restaurant, prémice à une joute de hockey qui se jouerait en famille et entre amis dans l'aréna de la ville. Nous passons un merveilleux moment ensemble, ils sont si rares, l'argent manquent pour ces gâteries, les temps sont difficiles financièrement. Après notre modeste repas, nous voici à l'aréna. Beaucoup de plaisirs en perspectives. Le mari se change et dans l'attente des autres joueurs, il patine autour. Nous les femmes, on rit, on jase de tout et de rien. Soudainement, j'entend qu'un joueur est étendu sur la glace, certains semblent reconnaitre mon mari. Je regarde pour vérifier, entame rapidement de descendre les gradins, le vois se relever, tourner 3 fois sur lui-même et s'écrouler à nouveau. Après, tout va vite. On tente des manoeuvres de réanimation sans succès, vient ensuite l'ambulance, l'hôpital et puis le vide. Cette mort est un choc. Rien ne permettait de la voir venir. l'instant d'avant, nous étions à échanger, rire, faisions le projet d'un troisième enfant et soudainement tout s'est arrêté. Quelques heures plus tôt, je quittais notre maison, nous étions deux, nous étions un couple, et voilà que je revenais seule, veuve mère monoparentale de deux jeunes enfants. La mort est absurde et cruelle, ce n'était dans les plans de Dieu de nous faire vivre cette torture. Je n'ai pas su gérer cette douleur, je l'ai tassée ne sachant quoi en faire. Je trouve ce que tu fais tellement bien. Tu mets en mots tes incompréhension, tes douleurs, tes réflexions. Je te lis et je crois que ton cheminement sera celui de plusieurs, ce sera certainement le mien.

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Martine Harvey
11/6/2016 07:18:57 pm

Quelles belles réflexions !... Merci de partager ça avec nous. J'ai également 7 ans de différence avec ma sœur , et j'avoue que s'il m'arrivait la même chose, je serais sûrement tout aussi ébranlées une toi ... Tes réflexions me font grandir, merci encore xxx

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